vendredi 2 mai 2008

Quelques statues de Nagoya (2)

La critique est aisée, mais l'art est difficile… Certes, mais si on se pique de faire de la critique un art, qu'en est-il? Est-ce d'une aisance difficile ou d'une difficulté aisée? Le mieux est encore d'en faire un jeu, et c'est pourquoi je préviens en préambule: vous pouvez prendre les commentaires qui suivent au sérieux si ça vous amuse, mais ce n'est absolument pas dans cet esprit qu'ils ont été écrits.
Et revenons donc à nos statues: après avoir vu quelques animaux dans la première partie, voyons maintenant le sujet le plus représenté: la femme.

Pour commencer, une statue du parc de Tsurumai à vrai dire assez peu originale. Et seule la ronde des saisons qui l'agrémente d'une végétation plus ou moins fleurie parvient parfois à lui donner des allures de Nymphe.







Toujours au parc de Tsurumai, voici une idée plus intéressante, qui à partir d'un chausson mal ajusté donne une pose plutôt originale. Mais la plupart des Japonais qui la voient pensent plutôt que cette ballerine est affligée de mizumushi, qui est le nom local du pied d'athlète, une mycose très fréquente au Japon. Le côté gracieux de la statue en est donc sérieusement compromis.

Cette statue a le privilège d'être beaucoup photographiée, et souvent en compagnie, car on peut s'asseoir à côté d'elle et s'amuser ainsi à créer des petites scènes, qui selon le tempérament ou l'état d'ébriété des participants seront plus ou moins sages. Aussi ne s'étonnera-t-on pas de l'air quelque peu revêche et blasé de la Demoiselle, qui a dû en voir passer des vertes et des pas mûres.




La tour de Nagoya est un des symboles fort de la ville, et pour la mettre en valeur dans la perspective des jardins qui s'étendent à son pied, ces deux statues ont été judicieusement placées. Elles sont néanmoins empreintes d'une certaine raideur dans lequel, même avec beaucoup de bonne volonté, on peinera à retrouver le hiératisme des modèles grecs dont elles sont inspirées.


Au sommet d'une fontaine de Sakae, voici une envolée qui laisse quelque peu perplexe. Car sans ailes, on peut présager qu'elle va se finir assez piteusement dans la fontaine. La photographie ne rend pas compte du fait que la statue est dans l'axe de la tour, et elle pourrait donc en être une exaltation comme les deux précédentes. On préférera ne pas trop s'interroger sur les raisons qui poussent les urbanistes et artistes à souligner de présences féminines un tel symbole phallique.



Voici une statue beaucoup plus originale, car pas du tout occidentalisée. La présence de cordons rouges et d'unomamori (porte-bonheur acheté dans les temples) laisse penser que certains lui ont conféré une signification plus ou moins religieuse. Certes, la pierre utilisée est la même que pour les statues votives de divers bouddhas, mais le sujet semble suffisamment profane pour éviter la confusion. Mystère donc…

De nombreuses compagnies japonaises agrémentent la façade de leurs locaux par des œuvres d'art, et cette société pharmaceutique expose fièrement cette demoiselle, qui si elle a utilisé les produits de la-dite société, ne donne pas très envie d'en consommer vu sa silhouette quelque peu maladive.






Devant la gare d'Ikeshita, cette demoiselle semble vouloir reconstituer une scène d'un dessin animé de Walt Disney, où les princesses se sentent obligées de faire venir des petits oiseaux dans la main quand elles poussent la chansonnette. Celle-ci est intitulée ΑΓΓΕΛΟΣ, ce qui signifie «messager». Comme le mot est au masculin, c'est donc plutôt l'oiseau qui semble ainsi désigné.



Voici trois statuettes placées sous des arcades à Imaike. Il y en a six en tout, et elles sont toutes du même artiste, qui s'est simplifié la tâche en livrant ces trois modèles en double.

Les statues trouvent tout naturellement place devant les lieux dévolus à la culture, comme cette salle de spectacles signalée par cette violoniste un peu trop appliquée.








Il semble bizarre, voire improbable que cette cueilleuse de fruits puisse ramasser raisins, poires, mangues et ananas au même endroit. Mais c'est qu'elle est en fait devant un bâtiment du fruits park un grand parc consacré aux arbres fruitiers, et dans lequel il y a une immense serre pour les espèces exotiques. Mais malgré cette justification, la statue n'en demeure pas moins assez kitsch.


Anciens commentaires

'mizu-mushi'...... quel manque de respect à l'artiste (ou à la belle)! en tout cas la remarque m'a fait beaucoup rire: je n'y aurais absolument pas pensé.
Commentaire n°1 posté par Baiya le 01/05/2008 à 13h15

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