jeudi 8 mai 2008

Salut les poteaux!

Dans un pays soumis aux typhons et aux tremblements de terre, il y a des précautions à prendre, notamment en matière de construction. En France, on se contente de poteaux en bois ou de pylônes en métal creux légers. Mais au Japon, afin de ne pas se les ramasser sur la tronche au moindre caprice météorologique ou tectonique, les pylônes sont nettement plus conséquents. On les fabrique donc en béton armé, et on ne lésine pas sur la quantité en leur donnant la largeur qui convient. Et puisque l'on dispose de piliers pareils, on n'hésite pas à les charger de câbles. Car les compagnies d'électricité et de téléphone s'entendent pour en partager l'usage, ce qui se comprend aisément, si on songe à leur coût et à l'espace qu'ils occupent. Les pylônes servent également de support à d'autres objets aux mystérieuses allures de bidon. En fait, tout s'explique quand on sait que le courant dans les maisons est de 110V au Japon, mais qu'il est d'un plus fort voltage dans les lignes, pour être plus facilement acheminé. Cela exige l'usage de transformateurs, et on les place donc tout simplement sur les pylônes.

Alors évidemment, si le côté pratique est indéniable, au niveau esthétique, c'est une autre paire de manche. Parce qu'un truc pareil devant chez soi, ce n'est pas franchement enthousiasmant. Et voilà précisément celui qui se trouve devant ma demeure, et que j'ai également photographié vu de derrière depuis l'escalier, ce qui donne un bon aperçu du désordre apocalyptique de câbles qui y est installé.


Malgré des observations régulières, je ne suis pas parvenu à identifier tous les composants, et j'ai de gros doutes sur la nécessité d'une telle abondance de câbles. Il m'est avis que des simplifications pourraient être faites, mais cela demanderait la réorganisation d'un système déjà en place, autrement dit, le pire cauchemar d'une entreprise japonaise. Et là, il y en a deux sur le coup… enfin, sur le poteau. C'est donc une situation aussi inextricable que le fouillis de câbles.


Notre immeuble étant ancien, l'électricité et le téléphone y arrivent donc par les airs, mais pour les constructions plus modernes, comme l'immeuble en face de chez nous, on prend désormais soin de camoufler les câbles disgracieux en les enterrant. Mais le réseau reste principalement aérien, et il est impensable d'enterrer les transformateurs. Aussi, pour assurer la transition entre l'air et la terre, on a recours à… un deuxième pylône! Le courant transformé et le téléphone sont ainsi acheminés vers le câblage souterrain de l'habitation. Les câbles tirés le long de ce deuxième poteau sont protégés par des tuyères en plastique, lesquelles pour éviter de prendre l'eau sont recouvertes d'un gros bloc de mastic à leur extrémité. Pas vraiment très décoratif, mais, du moins, on l'espère, fonctionnel.

Parfois, les pylônes penchent un peu, voire beaucoup, mais cela ne semble pas inquiéter outre mesure les compagnies qui les exploitent. On peut donc se demander à partir de quel angle d'inclinaison on commence à s'en soucier. Mais avant de songer à les remplacer, il semble que l'on préfère l'usage de filins de traction. Tout cela contribue à donner une esthétique assez particulière aux rues japonaises.





Surtout qu'en plus de tout ça, les pylônes les mieux placés sont rentabilisés par de la publicité! Comme le japonais peut s'écrire de haut en bas, c'est d'autant plus facile. Les panneaux sont soit directement plaqués contre le pylône, soit placé à côté, voire les deux.

Anciens commentaires

Toujours aussi passionnante cette visite des petites habitudes japonaises :)
Commentaire n°1 posté par LDavoust le 07/05/2008 à 10h54

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